
Aujourd’hui encore, le cancer de la prostate constitue un défi de santé majeur à l’échelle mondiale. Chaque année, plusieurs millions d’hommes sont touchés.
En 2022, plus de 1,4 million de nouveaux cas ont été signalés à travers le monde,1 Les projections actuelles estiment à 313 780 le nombre de nouveaux diagnostics aux États-Unis d’ici 2025.2 Au Royaume-Uni, le cancer de la prostate représente 28 % de tous les nouveaux cas de cancer chez l’homme. Aujourd’hui, près d’1 homme sur 8 recevra ce diagnostic au cours de sa vie.3
Comme l’a expliqué un membre de Sermo spécialisé en oncologie : « le cancer de la prostate est le deuxième cancer qui tue le plus chez l’homme. Nous devons faire quelque chose. »4. Ce développement souligne le besoin urgent de mettre en place des initiatives de prévention, de traitement et de sensibilisation efficaces. Dans cet article, nous examinerons les traitements actuels qui ont été mentionnés par les médecins membres de la communauté Sermo réservée aux médecins dont l’admission est gratuite, ainsi que les dernières avancées qui façonnent l’avenir des soins du cancer de la prostate.
Quels traitements utilisent actuellement les médecins membres de Sermo ?
Les médecins membres de Sermo perfectionnent en continu leurs approches pour proposer des soins toujours plus personnalisés et efficaces. Voici leurs idées et leurs applications dans le monde réel.
Hormonothérapie (traitement de privation androgénique)
L’hormonothérapie est un traitement de première ligne que l’on utilise dans le cancer de la prostate métastatique et avancé. On l’associe souvent à d’autres thérapies pour améliorer son efficacité. En supprimant la production de testostérone, le traitement de privation androgénique ralentit la progression du cancer tout en atténuant ses symptômes.
Le cas d’un homme de 75 ans atteint d’un cancer de la prostate métastatique souligne l’importance de cette thérapie. 5 Un médecin membre de Sermo spécialisé en oncologie clinique a fait la recommandation suivante : « vu que ce patient présente actuellement une maladie de stade 4, je recommanderais le démarrage d’un traitement de privation androgénique.6 » Ce choix montre que le traitement de privation androgénique constitue la colonne vertébrale du contrôle systémique dans un cancer avancé.
Pour assurer une prise en charge plus ciblée, un autre médecin spécialisé en oncologie clinique a suggéré d’associer le traitement de privation androgénique à un schéma SBRT (radiothérapie corporelle stéréotaxique) : « Hormonothérapie à base de Lupron, plus Casodex, et SBRT pour une seule lésion dans les poumons. »6 Cette dernière approche associe des thérapies systémiques et localisées dans le but d’obtenir de meilleurs résultats.
Un autre cas étudié concerne un homme de 62 ans qui présente une augmentation de son taux de PSA ainsi qu’une lésion vertébrale L2 suspecte,7 Un membre de Sermo spécialisé en hématologie a plutôt recommandé d’équilibrer le diagnostic et la thérapie afin de procéder avec prudence : « je pratiquerais une biopsie de la lésion L2 et je commencerais par le traitement de privation androgénique ; si la biopsie s’avère négative, je continuerais à surveiller le taux de PSA. 8
Les membres de Sermo sont tous d’accord : l’hormonothérapie reste la pierre angulaire du traitement du cancer de la prostate dans la mesure où cette thérapie présente une grande polyvalence en tant que thérapie autonome et combinée.
Radiothérapie
La radiothérapie joue un rôle clé dans le cancer de la prostate localisé et oligométastatique. Certaines avancées comme la SBRT permettent de cibler très précisément les lésions tout en minimisant les effets secondaires.9
Dans le cas du patient de 75 ans mentionné plus haut qui ne présentait qu’une seule lésion pulmonaire métastatique, un membre du service de radio-oncologie de Sermo a souligné l’intérêt de l’imagerie de précision : « Envisagez l’utilisation de choline ou d’un TEP PSMA. S’il s’agit d’une véritable maladie oligométastatique, vous pourriez retarder le traitement de privation androgénique et lui proposer plutôt un traitement axé sur les métastases, à savoir une chirurgie ou une SABR [SBRT], pour lui épargner les toxicités hormonales. »
Cette stratégie a été validée par un autre médecin membre de Sermo spécialisé en oncologie clinique : « je suis d’accord pour commencer par un TEP à la choline, puis, s’il n’y a vraiment qu’une seule lésion, traiter par chirurgie ou SBRT. »6”
La radiothérapie, et notamment le schéma SBRT, offre un traitement précis et localisé, ce qui en fait une option de choix pour les pathologies oligométastatiques.
Inhibiteurs de PARP pour le CPRCm avec mutation de BRCA
Les analyses génétiques ont ouvert de nouvelles options aux patients porteurs de mutations de BRCA.10 PARP inhibitors like olaparib and rucaparib target specific genetic vulnerabilities,11 Ces avancées présentent des avantages significatifs.
Comme il l’a été relevé dans le cadre d’une discussion menée sur Sermo : « la FDA a approuvé plusieurs membres de la classe des inhibiteurs de PARP pour traiter le CPRCm avec mutation de BRCA… L’association d’olaparib a réduit le risque de progression de la maladie ou de décès de 76 % par rapport à l’abiratérone administrée seule.12
Les inhibiteurs de PARP illustrent tout le potentiel de la médecine de précision pour transformer la prise en charge du cancer de la prostate avec mutation de BRCA.
Quels sont les nouveaux traitements destinés au cancer de la prostate en 2025 ?
Le paysage thérapeutique du cancer de la prostate évolue très rapidement. Plusieurs thérapies novatrices ont récemment obtenu une AMM ou sont en cours d’examen. Nous examinerons ci-dessous les avancées clés dans le traitement du cancer de la prostate, à la lumière de cas réels et du point de vue de membres de la communauté Sermo.
Enzalutamide : une option polyvalente pour le cancer de la prostate hormono-sensible
En juin 2024, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé l’enzalutamide (Xtandi) administré en monothérapie ou en association avec un traitement de privation androgénique chez les patients atteints d’un cancer de la prostate à haut risque, non métastatique et hormonosensible (CPHSnm) inaptes à suivre une radiothérapie de rattrapage.13 Cette approbation souligne le rôle que joue l’enzalutamide dans l’élargissement des options thérapeutiques ouvertes aux patients à haut risque qui présentent un cancer de stade précoce.
Le cas d’un homme de 83 ans atteint d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (CPRC) souligne la polyvalence de l’enzalutamide. Suite à une progression de la maladie malgré plusieurs thérapies, le patient a refusé de suivre une chimiothérapie en raison d’inquiétudes liées à l’alopécie.
Un oncologue membre de Sermo a partagé son approche : « je proposerais de l’enzalutamide ou du radium-223. Le radium est peut-être le meilleur choix, en réservant l’enzalutamide pour une progression ultérieure, éventuellement extra-osseuse.14 Ce point de vue montre que l’enzalutamide peut s’avérer un outil essentiel chez les patients qui privilégient la qualité de vie, mais nécessitent un contrôle efficace de la maladie.
Les membres de Sermo estiment que l’enzalutamide offre de la flexibilité, et constitue une option utile dans les cas hormonosensibles à un stade précoce ainsi que dans le CPRC avancé, en s’adaptant aux besoins et aux préférences de chaque patient.
Olaparib et inhibiteurs de PARP : une percée en matière de médecine de précision
L’EMA a également approuvé l’olaparib (Lynparza) administré en association avec l’abiratérone et la prednisone dans le traitement du CPRC métastatique chez les patients pour lesquels une chimiothérapie n’est pas cliniquement indiquée. Cette approbation s’appuie sur le nombre croissant de preuves de l’efficacité des inhibiteurs de PARP dans le traitement des cancers avec mutation de BRCA, un domaine où le traitement du cancer de la prostate rattrape les progrès accomplis dans le cancer du sein et de l’ovaire.15
Environ 10 % des hommes atteints d’un CPRC métastatique présentent des mutations de BRCA1 ou de BRCA2, qui sont souvent corrélées à une maladie agressive et à des résultats plus défavorables.12 Une discussion menée sur Sermo a souligné le potentiel transformateur des inhibiteurs de PARP : « la FDA a approuvé plusieurs membres de la classe de médicaments inhibiteurs de PARP pour traiter le CPRCm avec mutation de BRCA… L’association avec Olaparib a réduit le risque de progression de la maladie ou de décès de 76 % par rapport à l’abiratérone administrée seule.12 »
Les membres de Sermo conviennent que la médecine de précision est en train de redéfinir la prise en charge du cancer de la prostate, tandis que les inhibiteurs de PARP offrent des solutions ciblées chez les patients qui présentent des mutations génétiques spécifiques, améliorant ainsi les résultats obtenus par ceux chez lesquels les options étaient jusqu’alors limitées.
Quel est le traitement le plus récent destiné au cancer de la prostate avancé ? Thérapie à base de lutécium-177 PSMA
Le traitement à base de lutécium-177 PSMA est de plus en plus reconnu comme une option prometteuse chez les patients atteints d’un CPRC métastatique progressif. Approuvé par l’EMA fin 2022, il représente une innovation significative pour les patients atteints de métastases osseuses étendues qui ont épuisé les autres traitements.16
Un cas discuté sur Sermo illustre son impact. Un homme de 76 ans atteint d’un CPRC, qui avait progressé malgré plusieurs thérapies, a reçu du lutécium-177 en dernier recours. Comme l’a fait remarquer un oncologue : « le traitement au lutécium-177 PSMA… est une nouveauté thérapeutique qui présente de bons résultats dans les métastases osseuses.17
Un autre médecin généraliste a souligné que : « le traitement au lutécium n’est pas un traitement standard, mais il y a des patients pour lesquels il présente des bénéfices. Le traitement doit être personnalisé.17 » Chez ce patient, le lutécium-177 a soulagé la douleur osseuse et réduit la taille de la tumeur, améliorant ainsi considérablement sa qualité de vie.
En règle générale, les membres de Sermo estiment que le lutécium-177 est l’un des derniers traitements du cancer de la prostate qui offre une option nouvelle et efficace pour gérer la maladie, notamment chez les patients atteints d’une maladie réfractaire et d’une atteinte osseuse importante.
Comment les médecins concilient-ils traitement et qualité de vie des patients ?
Dans le cas des médecins qui prennent en charge des patients atteints d’un cancer de la prostate, concilier traitement efficace et qualité de vie est un défi complexe.
68 % des médecins membres de Sermo interrogés ont indiqué que la reprise du contrôle sur la maladie était leur priorité absolue lors du choix de traitements néoadjuvants, tandis que 18 % privilégiaient plutôt l’amélioration de la qualité de vie, et 11 % la lutte contre la résistance au traitement.18
Quels compromis les médecins doivent-ils donc faire pour atteindre à la fois des objectifs cliniques et des résultats axés sur le patient ?
Autonomie du patient et information du public dans le traitement des personnalités publiques
Le roi Charles décide de partager avec le public certains aspects de son diagnostic de cancer19 Cet exemple montre comment la carte de la transparence peut favoriser l’éducation tout en respectant les limites personnelles.
Un oncologue membre de Sermo a suggéré que : « à mon avis, une bonne option serait que Sa Majesté donne par la suite une interview pour parler de tous ces aspects, et rappelle l’importance d’obtenir un diagnostic précoce.20
Une communication ouverte sur le cancer peut en effet réduire la stigmatisation et les spéculations, à partir du moment où cette révélation n’empiète pas sur le confort personnel du patient.
Un médecin spécialisé en maladies infectieuses estime que : « le roi devrait tout simplement dire de quel type de cancer il est atteint.20 » Même si cette divulgation pourrait effectivement prévenir la désinformation, ce point de vue souligne néanmoins la tension qui existe entre les attentes du public et le besoin d’intimité du patient.
Il est pourtant essentiel de trouver cet équilibre afin de protéger la santé mentale du patient tout en favorisant la compréhension du public.
Équilibrer l’agressivité thérapeutique et la préservation du mode de vie
Le traitement du cancer a parfois tendance à privilégier l’efficacité thérapeutique au bien-être quotidien du patient.
Un médecin généraliste membre de Sermo a partagé le cas d’un patient qui suivait des traitements concomitants pour deux cancers différents qui ont peut-être contribué à sa crise cardiaque mortelle : « j’ai le sentiment que ses radiothérapies ont probablement joué un rôle dans son infarctus du myocarde.20 »
Ce cas souligne à quel point il est essentiel de s’assurer que les traitements prescrits ne compromettent pas la santé générale ou la qualité de vie du patient.
Message clé
Les traitements du cancer de la prostate évoluent rapidement, et comprennent désormais des options novatrices comme les inhibiteurs de PARP, le lutécium-177 et l’enzalutamide. Il reste toutefois essentiel d’équilibrer l’efficacité thérapeutique et la qualité de vie des patients.
En adaptant les thérapies, en favorisant une détection précoce et en respectant l’autonomie du patient, les médecins pourront améliorer les résultats obtenus tout en veillant à ce que les traitements prescrits correspondent bien aux besoins et aux priorités de chacun.
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La prise en charge du cancer de la prostate évolue rapidement. Pour rester à l’avant-garde, il est essentiel de privilégier la collaboration et le partage de connaissances avec des médecins du monde entier. Sermo vous permet d’échanger avec vos confrères, de donner votre point de vue dans des discussions concernant des sujets médicaux importants, et d’apprendre à partir de l’expérience d’autres médecins.
Footnotes
- World Cancer Research Fund (WCRF), 2024. Statistiques sur le cancer de la prostate.
- American Cancer Society (ACS), 2024. Statistiques clés sur le cancer de la prostate.
- Cancer Research UK, 2024. Statistiques sur l’incidence du cancer de la prostate.
- Membre Sermo, 2024. Commentaire laissé dans l’article Une étude révèle une baisse importante du nombre de diagnostics de cancer de la prostate. Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- Sermo, 2024. Groupe tumoral – Récidive isolée d’un cancer de la prostate métastatique. Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- Membre Sermo, 2024. Commentaire laissé dans le Groupe tumoral – Récidive isolée d’un cancer de la prostate métastatique. Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- Sermo, 2024. Groupe tumoral Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- Membre Sermo, 2024. Commentaire laissé dans le Groupe tumoral. Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- Correa RJM, Loblaw A. Stereotactic Body Radiotherapy: Hitting Harder, Faster, and Smarter in High-Risk Prostate Cancer. Front Oncol. 7 juillet 2022 ;12:889132. doi: 10.3389/fonc.2022.889132. PMID: 35875062; PMCID: PMC9301671.
- Dubsky, P., Jackisch, C., Im, SA. et al. BRCA genetic testing and counseling in breast cancer: how do we meet our patients’ needs?. npj Breast Cancer 10, 77 (2024). https://doi.org/10.1038/s41523-024-00686-8
- Giudice E, Gentile M, Salutari V, Ricci C, Musacchio L, Carbone MV, Ghizzoni V, Camarda F, Tronconi F, Nero C, Ciccarone F, Scambia G, Lorusso D. PARP Inhibitors Resistance: Mechanisms and Perspectives. Cancers (Basel). 10 mars 2022 ;14(6):1420. doi: 10.3390/cancers14061420. PMID: 35326571; PMCID: PMC8945953.
- Sermo, 2024. Inhibiteurs de PARP dans le traitement du cancer de la prostate : quelles sont les différentes options ? Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- Astellas, 2024. XTANDITM (enzalutamide) du laboratoire Astellas a obtenu l’approbation de la Commission européenne pour une utilisation dans un cadre supplémentaire de traitement précoce du cancer de la prostate.
- Membre Sermo, 2024. Commentaire laissé dans l’article Néoplasie métastatique de la prostate chez les personnes âgées. Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- AstraZeneca, 2022. L’administration du Lynparza en association avec l’abiratérone est approuvée dans l’Union européenne en tant que traitement de 1ère ligne chez les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration.
- AstraZeneca, 2022. L’administration du Lynparza en association avec l’abiratérone est approuvée dans l’Union européenne en tant que traitement de 1ère ligne chez les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration.
- Membre Sermo, 2024. Commentaire laissé dans l’article sur le lutécium dans le cancer de la prostate. Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- Sermo, 2024. Sondage de la semaine : comment gérez-vous le traitement des patientes atteintes d’un cancer du sein avancé HR+/HER2- ? [Dataset 1337073]. Communauté Sermo.
- Sermo, 2024. Un cancer a été diagnostiqué au roi Charles. Communauté Sermo [Forum privé en ligne].
- Membre Sermo, 2024. Commentaire laissé dans l’article Un cancer a été diagnostiqué au roi Charles. Communauté Sermo [Forum privé en ligne].